Deux textes sont appelés Eddas: l'un, anonyme, dans le codex regius, est un recueil de texte antérieur au Xe siècle; l'autre, du XIIIe siècle, oeuvre du poète islandais Snorri Sturlusson, est une sorte de manuel didactique de la poésie nordique ancienne. Ils présentent de nombreux éléments que l'on retrouve dans d'autres mythologies indo-européennes.
Dans la mythologie nordique, les éléments premiers, le chaud, le froid, se mêlant, faisant apparaitre une vache, Audhumbla. La vache primitive céleste, existe aussi dans la mythologie indienne et dans le culte de Mythra, dieu iranien qui sacrifie un taureau pour constituer le monde. Audhumbla permet au géant Ymir de se nourrir de son lait. Il est plus tard sacrifié par trois dieux, ses descendants qui se servirent des éléments de son corps pour constituer le monde. Ce thème du personnage qu'on sacrifie et dont on fait le monde à partir des morceaux de son corps est présent non seulement dans les récits védiques de l'inde ancienne- ou l'être sacrifié s'appelle le Purucha - mais aussi dans des poésies traditionnelles d'Europe orientale.
Première guerre
Une fois le monde constitué, deux catégories se manifestent: les Vanes et les Ases. Mais, à cause d'une nommée Gullweig, "ivresse de l'or", la guerre éclate entre eux. Elle se termine sans vainqueurs ni vaincus, et par un échange d'otages: Les Ases confient aux Vanes un dieu nommé Hodhr, tandis que deux des Vanes, Njord, dieu de la navigation, et son fils Freyr, dieu de la fécondité, arrivent chez les Ases. Le grand savant comparatiste Georges Dumézil à montré que cette guerre avait un net parallèle dans la tradition romaine. En effet, la première guerre de Rome oppose le fondateur et premier roi de Rome Romulus, et ses guerriers, aux Sabins, peuple caractérisé alors par sa richesse. Celle-ci est telle qu'ils ont pu soudoyer la fille du gardien de la forteresse, Tarpeia, en leur promettant leur or - celui de leurs armes et de leurs boucliers. Ainsi, dans ces deux premières guerres, des personnages de ce que Dumézil a appelé la première fonction, ici, Odhinn (Odin) et Romulus s'appuyant sur des guerriers, représentants de la seconde fonction, le dieu Thorr et les compagnons de Romulus, s'opposent à des personnages caractérisés par des traits de la troisième fonction (la fécondité, la richesse). Et à Gullweig, corruptrice grâce à l'or, répond Tarpeia, corrompue par l'or.
Odhinn et Romulus
Le personnage de Romulus à d'ailleurs beaucoup de ponts communs avec Odhinn. Ce sont l'un et l'autre des fondateurs -Odhinn a tué Ymir pour fondé l'univers, Romulus a fondé Rome, non sans tué à cette occasion son frère Remus. tous deux ont soigneusement ceint leur création., Odhinn par la mer, Romulus par une muraille. Les mythes les décrivent l'un et l'autre comme rusés, tous deux lance un projectile sur l'armée adverse, ce qui est dans les deux cas un acte magique qui voue l'adversaire à la défaite. Tous deux enfin sont chefs de bandes de jeunes guerriers. Odhinn , en effet préside aux actions des Ulfhednar, guerriers à la pelisse de loups, et des berserker, guerriers à la peau d'ours. On note aussi que Romulus est lui aussi étroitement lié au loup puisque son frère et lui ont été allaités par une louve.
Enfin, un mythe nordique célèbre raconte que le dieu Odin s'est lui même pendu à l'arbre du monde (Yggdrasil), pendant neuf jours au cours desquels il découvrit les runes à ses pieds. Quand à Romulus il accrocha en tout premier à un chêne des dépouilles opimes (en effet lorsqu'un chef Romain avait tué un chef adverse en duel, il prenait ses armes et les consacrait religieusement, en les suspendant à un chêne, arbre de Jupiter).
Enfin, trois dieux scandinaves sont infirmes: Tyr est manchot, à la suite d'un faux serment, Odin est borgne et Hodhr aveugle. La tradition romaine expose que, pour défendre rome contre le roi étrusque Porsenna, sont intervenu deux héros, Mucius Scaevola, qui a sacrifier sa main pour faire un faux serment, et Horatius Cocles, qui était borgne. La mythologie des Eddas et la tradition romaine semblent issus du même moule présentant de nombreuses correspondances/ similitudes/ analogies.